Jonathan dis-moi donc si c'est vrai
Que tu peux rêver ?
Tes rêves sont de voler et planer
De la côte aux cieux enneigés,
Les étoiles tu les dépasses,
L'arc-en-ciel à travers tu passes !
Tes rêves sont-ils ta joie ?
Dis-moi peux-tu aimer ?
Aimer à tout en oublier ?
Autre chose qu'un rêve peux-tu aimer ?
Qu'est-ce que rêver ?
Je voudrais être à ta place,
Survolant de trés haut les glaces
Des pôles et les lames
De l'océan gelé des âmes !
Je voudrais m'envoler si haut
Que je ne pourrais redescendre
Qu'en un tas de cendre
Qui tomberait doucement sur l'eau...
Et l'on m'oublierait bien vite !
Et personne en pensant à ce que je fus
N'en serait vraiment trop triste...
Quant à moi, homme, j'aurai vu
Ce que personne ne peut toucher :
L'espace infini éternel sans fin,
Celui-là seul qui ne peut être que rêver,
Car ne peut l'offrir aucun être humain !
Jonathan... A-t-elle une limite la joie
De l'éternel espace ?
Y aurait-il une place
Dedans pour quelqu'un comme moi ?
Je voudrais être l'étoile qui te voit passer,
Le nuage que tu traverserais,
La vague que tu survolerais,
Le vent de qui tu te jouerais !
Je voudrais être heureux comme toi,
Ne connaître que la joie
De voler, et de planer, et rêver...
Au crépuscule ne rien chercher
D'autre qu'un rocher pour me reposer
Une nuit qui jamais ne finirait !
Dormir, rêver, oublier, ne pas penser...
Ne pas me retrouver !
Aucune question me poser !
Encore mieux goéland, pourquoi ne partirais-je
Pas avec toi au-dessus de terres et neiges,
Montagnes, lacs et mers ?
Atravers ce bleu clair
Jusqu'à une profondeur ténébreuse
Perdue en étoiles et nébuleuses...
Puis de là-haut je deviendrais planète
Sur laquelle aucun corps étranger n'empiète...
Je serais beauté à regarder,
Une merveille à envier...
Et je ne le saurais même pas
Puisque sans conscience je serais !
Par une belle nuit cette conscience morte éclatera
En un million de fleurs lumineuses et rêvées...
Elle sera sublimes flammes et feux
Disparaissant dans mon monde heureux !
Heureux parce que personne ne sait que j'existe
Et moi-même ignore que j'existe !